Le projet Colonne sans fin
inaugure une réflexion sur l'art, la production, l'acte de création
mais aussi la condition humaine du travail par l'absurde et la
répétition. A la suite de mon cursus de design aux Beaux Arts de
Rennes, j'intègre l'école d'Art et de céramique de Tarbes avec une
volonté quasi ingénue de m'initier à la technique de la céramique
par un projet complexe questionnant la solidité et la fragilité par une mise à l'épreuve du matériau, mes attentes et mon
enthousiasme sont très vite mis en question et calmés par
l'orientation conceptuelle de l'école. Partie sur un dispositif
complexe et ambitieux de création de culbuto en porcelaine,
j'oriente à la suite d'une série d'échec mon projet sur des
dispositifs et des expériences plus simple et au résultat plus
immédiat. Je commence à découper en quantité
des carrés de carton que j'empile par la suite dans différentes
situations. Je déduit de ces expériences et de ma propre obsession
de création, de production et du faire qu'il résulte de ces
expériences un caractère absurde et burlesque qui réside dans
l'acte même de la production en mouvement de ces actions
répétitives. Je décide alors de filmer cette colonne de carton
entrain de se faire dans des dispositifs simples et épurés.
J'empile consciencieusement un à un les carrées de carton qui me
submergent, la colonne vacille dans un équilibre précaire et
s'écroule. Ce dispositif simple répondait finalement à mes
multiples questionnements à la fois sur la production artistique et
la production de manière plus générale. En reprenant un des
archétypes de l'architecture et de la sculpture, cette sculpture en
action qui se fait et se défait dans rythme perpétuelle, évoque
cette recherche de l'équilibre inhérente à la fois à la sculpture
mais aussi à l'individu.
En résidence dans un village de
potier en Espagne, j'ai reproduit cette action avec divers matériaux
et objets de céramique dans divers lieux tel que les ateliers d'une
usine de céramique. Cette actions en utilisant la matière première
et les objets de céramique utilisés dans ces lieux entre alors en
résonance avec l'espace et le travail. Nourrie plus ou moins
consciemment des débats et discutions avec le corps enseignant de
l'école d'Art et de céramique de Tarbes sur l'art, l'artisanat et
la technique, cette action met en exergue cette relation complexe
entre la création artisanale et plasticienne.
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