Étudiante
aux Beaux Arts de Rennes en section design, j'ai pu développer une
pratique multiple allant de la scénographie à la production
d'objet en passant par l'usage souvent documentaire de la
photographie et de la vidéo. Cela m'a permis aussi de questionner
l'usage du design, de la production et tourner ma pratique vers des
préoccupations sociétales en détournant des objets du quotidien
jusqu'à les rendre grotesques et incommodes dans une
pratique d' « anti-design ».
Cette
démarche s'est poursuivie et affirmée à l'école d'Arts et de
céramique de Tarbes durant une année par une mise à l'épreuve du
matériau, du spectateur et de moi-même afin
de questionner à la fois le processus de création, la production
artistique en regard de la production industrielle et artisanale mais
aussi la condition humaine dans un processus de construction et de
déconstruction perpétuelle.
Ce
cursus a été entrecoupé de divers expériences de travail et de
« petits boulots ». C'est notamment lors d'une
interruption dans mon cursus et lors d'une expérience de femme de
ménage sur un site industriel de deux ans que j'ai débuté une
démarche d'appropriation de mes divers emplois. Ces divers
expériences ont fait émerger tout un questionnement sur
l'omniprésence du travail dans notre société, sa définition, son
histoire, sur la place de l'artiste et du travail artistique dans
une société ultra-libérale. En m'immisçant dans les espaces
fonctionnels du travail, je tente d'y faire entrer l'inutile et le
gratuit. Tout en assurant la fonction pour laquelle je suis employée,
par des micro actions de piratage, je détourne le geste et l'outil
de travail de sa valeur d'usage, dans un acte de quasi-résistance à
la rengaine et pour redonner au travail son sens originel de créateur
d'œuvre. Cette démarche est un long processus qui s'établit dans
le temps en interaction avec les lieux après observation et
adaptation du milieu dans lequel je me trouve immergé mais aussi
échange, dialogue et médiation avec les différents protagonistes
des lieux sur la multiplicité des approches et ressentis face au
milieu professionnel.
Suite
à cette expérience de travail, j'ai mis à plat et approfondi ces
recherches dans le cadre d'un Master Recherche Arts et Technologies
Numériques à l'université de Rennes2. L'intitulé de mon mémoire
dirigé par Bruno Élisabeth est: L'artiste en travailleur,
peut-il offrir un autre regard, une alternative utopique et critique?
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